Dépression moderne.

Publié le par Zoé Klein

Des plumes blanches et douillettes de pigeon tombent devant ma fenêtre.

Je remarque alors à quel point je m’oblige à finir demain. Par là je veux dire l’attitude maladive à laisser ouverts des champs de réflexion mais surtout d’action. Ne jamais en finir avec mes devoirs, avec mes contraintes mes obligations qui comme un tout sévère me font penser.

Il est fatiguant de vivre cette existence à deux niveaux : entre réalité et mise à distance. Je fais, et y pense en même temps, et au fur à mesure des jours, ne consacre plus mon temps qu’à y penser.

Interviennent aussi mes cycles d’humeurs. Ils structurent ma vie car ils s’imposent à moi comme un handicap. Une pathologie.

Ainsi, quand je détiens le grain de folie nécessaire, je peux penser librement, m’investir, et surtout me passionner. Mais quand l’orage de la dépression toque à ma porte, rien ne sors plus de nulle part. Les évidences logiques et analyses complexes auxquelles je m’adonne deviennent une seule ligne noire puis un point. Un point de suspension mais qu’un seul car ne résonne qu’un seul silence. Assourdissant, et terrible, il laisse en moi des plaies ouvertes et des murs érigés au nom de la sensibilité.

Trop fragile, je titube alors entre rires et pleurs, angoisses de sortir, angoisse d’aimer, angoisse de vivre. Je me heurte dans la rue aux poteaux de l’indifférence.

Pourtant en moi se meuvent des combats perpétuels. Des irritations à vifs, tant physiques que spirituelles. Je mène, arme à l’épaule, une petite guerre à moi-même, à qui décidera entre la femme ou la flemme.

L’évidence est là : il faut se détacher du monde pour mieux le comprendre. Couper des ponts entre la réalité et les instincts premiers. Se dire qu’on a tout compris et que, le mal ayant été fait, il n’est plus à faire. L’évidence est là : la vie laisse se succéder des secondes qui s’impriment dans notre conscience. Leur réalité n’excède pas leur existence, d’une seconde chacune, pas plus pas moins. Mais seulement voilà nous en avons été l’acteur et ce passé nous as dicté nos règles. Il nous définit par les conclusions qu’on en tire, pas les émotions qu’on ressent en y pensant, par plein de mécanismes obscures qu’il faut, coûte que coûte, débusquer pour enfin apaiser.

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